Le contenu n'est pas le point central de la poésie scaldique. L'important, c'est sa structure, sa facture, la manière dont l'auteur conte le sujet. Il doit maîtriser la métrique. Il existe différents mètres dans la poésie scaldique : les allitérations, les accents, le nombre de syllabe, l'ordre des mots, etc. Dans son Edda, Snorri Sturluson dénombre plus de cent manières différentes de composer un mètre.
Le vocabulaire utilisé a également son importance. Le procédé est simple : le scalde n'a pas le droit de nommer les choses ou personnes par leur nom. Il doit utiliser des synonymes, des heiti. Par exemple, pour "bouclier", le scalde peut utiliser le terme "targe" ou "tilleul" (le bois des boucliers).
Il peut également utiliser des périphrases (kenning), par exemple "l'arbre de la bataille" pour "guerrier". Par ce procédé, le scalde réussit souvent à exprimer plusieurs idées à la fois. Le kenning nécessite une grande culture générale, notamment de la mythologie nordique. C'est dans le but de transmettre cette culture que Snorri compose son Edda.
La syntaxe, elle, est totalement libre. L'ordre des mots dans la phrase n'a pas vraiment de sens. Cela ne gênait apparemment pas les Islandais qui pouvaient écouter ces poèmes sans difficulté. Certains savants estiment que chaque poème était déclamé selon un ton particulier qui correspondait à sa syntaxe. De cette manière, l'auditeur savait à quoi s'attendre et pouvait comprendre sans problème un texte qui, à l'écrit, se révèle très ardu.