Les dangers de la mer sont omniprésents. Sur place, ils affrontent régulièrement des tempêtes et autres intempéries. Parfois, la dérive des icebergs menace leurs bateaux. Sans compter que le climat islandais est bien plus froid qu’en Bretagne.
Les conditions de travail ne valent guère mieux que les conditions climatiques. Les marins sont loin de leurs familles, isolés sur des bateaux non équipés et vivent dans un environnement misérable. A bord, rien n'est pensé pour les hommes. Tout est élaboré pour une rentabilité maximale de la pêche. Les pêcheurs vivent dans une misère inconcevable. Un environnement exécrable.
Absence totale d'hygiène, malnutrition, aucun confort, même pas pour le repos. Le plus souvent, les pêcheurs s'endorment tout habillés. Les vêtements trempés et imprégnés de l'odeur des viscères des poissons. La dépense physique est si intense qu’il arrive souvent aux marins de s’endormir n’importe où, à même le pont du bateau.
L’alimentation est pauvre et toujours la même. Peu de vivres sont embarqués au départ. Et l'eau douce est rationnée. En revanche, l’alcool coule à flot. Les armateurs choisissent d'abreuver les marins en vin plutôt qu'en eau. Un homme ivre n'est-il pas plus enclin à braver la mort ? L'alcool ne donne-t-il pas ce courage insensé de défier les éléments ? Et l'alcool ne fait-il pas oublier sa propre déchéance ? Les professionnels de l'industrie de la pêche ne voient que des avantages à enivrer lespêcheurs "à Islande".
Les journées sont longues : le travail peut durer jusqu’à 18h par jour, avec des cadences infernales. Patrice Roturier décrit cet enfer dans son documentaire "Islandais". Pendant la pêche, les marins se positionnent le plus souvent le long du bord afin d’être face au vent. Cette technique les pousse à lutter contre les vents glaciaux chargés d’embruns. Mais elle leur permet surtout de préserver leur matériel de pêche. En procédant ainsi, ils évitent aux lignes de passer sous leur bateau.
"Montez à bord d'une de ces goélettes dès qu'elle jette l'ancre en rade, et allez voir de vos propres yeux comment vivent ces hommes, comment ils mangent et dorment dans des cloaques empuantis d'immondices, sans eau douce pour leur hygiène, sans latrines pour leurs besoins, et vous comprendrez que seul l'abrutissement par l'alcool leur permet de supporter non seulement ces conditions, mais aussi et surtout l'image d'animal corvéable à merci que cela leur renvoie d'eux-mêmes."
Citation du roman "À Islande" de Ian Manook.